Cyclotourisme en Finlande – Partie 1.
Clare, Pikatchu et moi en Finlande

Flop’ (Florian) un pote de la même école d’ingénieur que moi (rencontré en Australie) avait décidé, fin 2008, d’aller en Finlande, suivre sa dulcinée finlandaise blonde-aux-yeux-bleus (voilà pour le cliché) rencontrée à Kooloobong – notre résidence étudiante en Australie. Après avoir posté quelques photos de lui, torse-nu, en train d’essayer de faire un trou dans un mètre de glace avec une espèce de pioche, au dessus d’un lac, avec pour objectif de pouvoir s’y baigner, il ne m’en fallait pas plus pour me motiver d’y aller. Mais nous, on ira durant l’été. Et même le jour le plus long – et comme on est plus trop loin du pôle nord – le jour le plus long est, en effet, très long: genre 21 heures de soleil, et 3 heures de crépuscule.
Puisque c’est un pays Nordique, on a le droit de camper à peu près où on veux, à quelques exception près. Il ne nous restait plus qu’à trouver un moyen de locomotion, et que choisir d’autre que ce bon vieux Pikatchu, notre tandem ? Avec le transport gratuit, et les camping gratuit, ça promettait d’être des vacances … économiques.
Mon genou se remettant à peine des conséquences de notre dernière expédition en tandem aux Cornouailles (j’ai eu une tendinite pendant 3 long mois = pas de vélo), on s’est décidé à changer toute la transmission du tandem, et surtout … à mettre des rapports plus petits. Résultat: sur le rapport le plus court, on peut pédaler tout en avançant moins vite qu’un piéton. Très bon pour les genoux ça, surtout quand ils font avancer un tandem chargé avec 180 – 200kg !

Débarquement à Turku
Voici Pikatchu tout bien emballé et prêt à prendre – de nouveau – l’avion. On était un peu appréhensif à l’idée de transporter ça dans les bus Londoniens, mais c’est passé … comme une lettre à la poste. A l’aéroport, l’hôtesse a “oublié” de nous faire payer le supplément “bagage volumineux“. Tant mieux, voici 50€ d’économisés. Et puis, il faut dire qu’au final, l’ensemble de nos bagages et le vélo pesaient moins que les 40 kilos autorisés au total, pour nous deux ! Partis le Vendredi soir, on arriva à l’aéroport d’Helsinki vers minuit, à cause du décalage horaire. Encore un peu d’attente pour le bus de nuit, et après seulement une paire d’heures de sommeil, nous voici débarqués sur le grand parking d’une gare routière. Il est 3:30 du matin, et il fait jour: bienvenue en Finlande. N’ayant rien de mieux à faire, on commence à ré-assembler le tandem. Le ciel s’assombrit, et un gros orage arrive. Une averse et du tonnerre de Zeus nous arrivent dessus, on est au beau milieu d’un parking, nulle part pour s’abriter … heureusement qu’il y a encore la grande boîte en carton du vélo pour s’abriter … effet clochard garanti. Quelques minutes plus tard, un Finlandais passe et nous voit accroupis sous notre carton et nous demande si on a passé la nuit là … On commence aussi à flipper, en s’imaginant ce que ça pourrait être de camper 8 jours s’il y a des averses pareilles …
L’Archipel de Turku

Mais voilà: il est 5 heures, le soleil s’est levé depuis longtemps, et l’une de mes plus grosses peurs s’est évanouie: avoir oublié ou perdu en route une pièce essentielle au fonctionnement du tandem. Le tandem est fin prêt, donc … allons-y ! Première (agréable) surprise, il y a des pistes cyclables partout dans les villes ou agglomérations; ensuite, même si les routes principales sont partagées avec les voitures, elles ne sont généralement pas très passantes, mis à part quelques inévitables sections. Tout se passe bien, le soleil brille sur un ciel bleu immaculé, il commence même à faire bien chaud ! Entre quelques siestes au soleil pour récupérer quelques heures de sommeil manquantes, on finit par arriver au premier ferry de l’archipel, après 50 bornes qui sont passées bien vites en roulant sur du plat ou des routes ondulant lentement.

Le Ferry n’est pas là, alors on se pose à la pizzeria du coin en l’attendant. Dans le doute, on vérifie avec le parton l’horaire du Ferry: “oui, c’est bien celui-là … dans deux heures” nous dit-il, en consultant les horaires. “Ah oui, mais vous avez un problème!” poursuit-il. “C’est la Saint-Jean aujourd’hui, donc vous n’irez nulle part”. Eh oui, c’est le jour le plus long, et vu qu’il ne fait pratiquement pas jour pendant 3 ou 4 mois de l’hiver, les Finlandais ont eu la bonne idée de faire du jour le plus long un jour férié. Super.
Deux options: le prochain ferry est dans plus de 24h, ou on peut rejoindre le point d’arrivée … en faisant un grand détour de 80 bornes (ça aurait été juste 20 minutes de ferry sinon). Mais bon, pas trop le choix: il faut bien avancer, on va pas se mettre en retard dès le premier jour: on a retenu la leçon dans les Cornouailles. Et puis, au moins, on est garantis de ne jamais devoir rouler de nuit, car de nuit … il n’y a pas: c’est un crépuscule qui se transforme en aube, tandis que le soleil disparaît rapidement en dessous de l’horizon, avant de réapparaître bien vite.
Il est 16 heures, on a bien attaqué le détour en question, on est complètement nazes à cause du manque de sommeil, donc il est temps de planter la tente. Après une bonne exploration des environs, on finit par trouver un coin assez calme, au bout d’un chemin envahi de verdure à côté d’une grange qui parait désaffecté – enfin les propriétaires passeront quand même pour voir qui est-ce qui campent au bord de leur champ ! Il fait bon, il a même fait chaud durant la journée: on est un peu collants ! Eh oui, on s’imagine qu’il fait froid en Finlande, mais c’est en fait bien loin de l’océan Atlantique. La Norvège et la Suède se tapent tout le mauvais temps arrivé de l’océan, la Finlande, elle, est plutôt adossée à la Russie et son climat continental, donc été chauds ! Et comme il ne fait pratiquement pas nuit, les températures ne chutent pas la nuit, donc pas de rosée sur la tente le matin: c’est bien pratique !

La suite de l’Archipel

On continue notre route le long de l’archipel, ponctué de Ferrys et de petits bouts de routes sur des îlots (et c’est du plat !). La deuxième nuit, on campe juste au bord de la mer … et on peut même se baigner. C’est un peu froid au début, mais on s’y habitue vite. L’eau de mer n’est pas très salée: c’est une mer fermée, et il y a tellement de rivières qui s’écoulent dedans qu’elle ne commence à être vraiment salée que vers le Danemark. Il fait un temps magnifique – en fait on n’aura que 15 minutes de pluie sur tout le voyage. On s’arrête a des supermarchés de temps en temps pour se faire un sandwich, et on campe toujours dans des endroits superbes … mais souvent après beaucoup d’errance et de recherche ! Les ferrys “indispensables” sont gratuits, mais celui qui boucle l’archipel d’une côte à l’autre est payant. C’est marrant: vu qu’on est tous les deux sur un seul tandem, on a payé que pour “un” seul vélo, ce qui était même mois cher que le tarif pour deux piétions ! On a aussi eu un bon paquet de pistes en terre, c’est vraiment agréable: le peu de voitures qui s’y aventurent roulent très doucement. Il faut juste faire attention au nids-de-poules ! On roule le long des champs, les routes sont bordées de fleurs superbes, et les maisons ou granges rouges et blanches sont si iconiques !

Retour sur la Terre Ferme, en direction d’Helsinki
Les ferrys s’espacent, les ponts se multiplient, les îles sont de plus en plus grandes: on se rapproche de la terre ferme. On finit par boucler la boucle a Kaarina, où l’on savoure un repas chaud: une pizza ! Après de nombreuses hésitations quand à l’endroit où dormir – notre route croise ou longe une voie ferrée et des autoroutes – on finit par tenter notre chance en tournant dans un petit chemin forestier, le long d’un champ. Hmmm: c’est dans la forêt, plein de souches, branches, pas top pour dormir … quand on voit soudainement apparaître un espace “pile-poil” assez grand pour y mettre la tente et recouvert de mousse. On dormira bercé par le son du vent dans les sapins et les oiseaux. Fantastique.

La route vers Ekenäs (Tammisaari en Finlandais: on est dans la zône Suèdophone de la Finlande) n’est pas la plus agréable: de grandes sections de route nationale, avec des camions qui passent à toute allure, et de grandes descentes … suivies de longue montées. C’est pas que c’est pentu, au contraire: les montées sont relativement douces mais paraissent interminables! On commence à avoir mal aux fesses, un peu raz-le-bol, mais heureusement la Finlande a des lacs un peu partout: il est temps de se laver baigner dans le lac. Ayant récupéré un peu d’énergie, on fait un détour vers un kébab, puis on trouve une jolie clairière pour aller dormir un peu, au bord d’une rivière.

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