Cyclotourisme en Finlande – Partie 2.
Changement de mode de transport

Après de charmantes routes tranquilles, on repart sur des grosses routes, pour Ekenäs. On ne se prive jamais d’une petite trempette quand un bras de mer se présente au bord de la route, ou que le GPS nous indique un las à proximité. Il fait tellement chaud vers midi ! On finit par arriver à Ekenäs.
Bon, c’est connu: on aime bien le canoë/kayak. Ça n’utilise pas les jambes, c’est toujours plat, et on a rien à porter sur le dos, on n’est pas assis sur une selle de vélo … et ça permet de faire des rencontres improbables (dauphins et phoques dans un Fjord Norvégien) et de voir le paysage d’une autre perspective. Le problème, c’est qu’il est déjà midi passé, et demain soir, il faut qu’on retrouve mon pote Florian à une bonne demi-journée de vélo d’ici. Donc on a une après-midi et une matinée de libre…
On va à l’office de tourisme : “c’est possible de louer un kayak pour une nuit ?” C’est vrai, après tout, il n’y a pas vraiment de nuit ici … La dame nous file une adresse, et c’est pas si loin: juste de l’autre côté d’un bras de mer. On appelle le gars: pas de problème. Ce qu’on savait pas, c’est que pour passer de l’autre côté du bras de mer, il nous faut faire plus de deux heures de pédalage … sans compter le fait qu’on ait pas pris la route la plus simple !
Canoe

On arrive au fin-fond de nulle part. Pourtant si près d’une ville, le gars possède une grande propriété, avec juste un espèce de chalet en bois sans eau courante. En fait, le gars fabrique ses propres kayaks en bois et fibre de verre. Du travail de pro, je vous prie de croire. Il a construit son premier (et son atelier aussi) à partir d’un arbre coupé sur sa propriété ! Mais ne vous trompez pas, c’est du boulot fait toute en finesse. le gars nous propose même de les essayer … mais non: je préfère les gros kayaks en plastique increvables. Il est moniteur de kayak, et il a des modèles sacrément performants ! Le premier qu’on essaye est tellement fin … qu’on ne le prend pas, de peur de se retourner ! Bref, nos embarcations respectives dûment chargées, on fait route vers notre campement, il commence à se faire tard. On slalome entre les îles de la baie, puis longeons une grande île – majoritairement formée d’une réserve naturelle – pour arriver sur une pointe. Hop, on déballe cacahuètes et bières, et on reste perchés sur notre rocher, regardant le soleil s’approcher doucement de l’horizon, au dessus de la mer, c’est parfaitement calme. Les quelques bateaux-moteurs qui passent nous saluent… c’est tellement paisible.
On repart le lendemain matin, et – miracle – j’ai réussi à convaincre ptite’femme de faire le tour de l’île principale. On passe donc par des petits recoins ou des gens on parqué leur voilier et semblent passer des moments incroyables … nous, en revanche, on se fait attaquer par des oiseaux défensifs de leur petits. On s’arrête dans un petit port pour le déjeuner, et on rentre vite -fait retourner les canoës … où le gars m’offre tout de même une visite guidée de son atelier ! Et qui disait que les Finlandais étaient un peu fermés ou pas bavards !
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Le Franco-Finlandais

On a donné rencard à mon pote Florian à Inkoo dans la soirée. La route se fait paisiblement, on dépasse même d’autres cyclotouristes. Petite pause hygiène personnelle baignade dans un lac isolé. On arrive à Inkoo, où il n’y a qu’un petit supermarché de rien du tout et un café très cher. Bon: au menu, ce soir, ça sera: pizza froide et Kebab tout aussi froid, le dernier étant particulièrement dégoûtant.
Florian finit par arriver, fièrement juché sur son vélo de course de collection qui doit avoir une vingtaine ou une trentaine d’années et “fabriqué en Finalnde” assure t’il.
Après la course effrénée aux vélos avec toujours plus de vitesses; à Londres les jeunes branchés s’achètent désormais des vélos sans vitesses, ou à défaut de très vieux vélos: genre, ce de leurs grand-parents. C’est le rétro-chic. Ces vélos de collection peuvent se vendre à des prix d’or s’ils sont bien conservés. Cette mode a aussi atteint Helsinki, me confirme Florian.
On se pose en bordure d’Inkoo pour la nuit, quelques bières, puis on discute alors que le soleil descend. Il fait bon, on continue de discuter, puis je commence à avoir un coup de barre. C’est bizarre: la lumière du jour semble s’être intensifiée, je pensais que le soleil était en train de se coucher … Mais oui, à force de parler, le temps passe: il est deux heures du mat’ et le soleil – qui ne s’est pas vraiment couché – est effectivement en train de se lever! Allez, au dodo !
La nuit fut assez courte au final, car quelques heures plus tard, la chaleur du soleil rendait la température dans la tente insupportable !
On chemine en direction du point de rendez-vous où l’on va retrouver le reste de sa bande de potes pour le week-end. On fait quelques détours, pour finalement se trouver un lac assez sympa: y’a même un plongeoir assez chouette ! Florian me confirme qu’en Finlande, se baigner à poil, c’est socialement correct, et même s’il y a du monde dans les parages. Nous voilà rassurés – mais c’est pas la première fois qu’on l’a fait ! Il faut dire, en Finlande, tout le monde (ou presque) à son Sauna, et tout le monde y va, petits comme grands, tout nus. Donc évidemment, ils ne sont pas trop soucieux sur le sujet. Un anglais, en revanche, ne se mettrai jamais à poil, même sur une plage nudiste déserte au beau milieu de la nuit !
Au retour, petit stop par un supermarché pour acheter de la bouffe pour le barbecue de ce soir … sans oublier quelques canettes d’1 litre de bière ! On pourrait presque faire de l’haltérophilie avec. Ça tient à peine dans la main, impressionnant ! Après quelques cafouillages, on finit par retrouver le reste de sa bande: des expats’ anglais, des russes, belges, Français, etc. Au final, il n’y a qu’Elsa, la copine de Florian qui est Finlandaise!

Helsinki
Etant tous des cyclistes, tout le monde dans notre joyeuse compagnie louche sur notre tandem. C’était la première fois qu’on roulait sur le tandem avec un groupe de cyclistes. C’est marrant: comme le tandem est beaucoup plus lourd qu’un vélo simple et profite d’un meilleur aérodynamisme et moins de friction, on trace tout le monde dès la première descente, atteignant rapidement les 50km/h sans même pédaler. Par contre en montée, c’est l’inverse: si on n’arrive pas à conserver l’élan de la descente, le peloton nous rattrape vite, et nous abandonne… jusqu’à la prochaine descente, rebelote !
On finit par atteindre Helsinki et l’appart de Florian. Les filles faisant la queue dans l’unique douche de l’appart’, on décide d’aller utiliser les deux douches du Sauna commun de l’immeuble. C’est pas le jour dédié de Florian (chaque locataire a un jour dédié), mais bon, normalement les gens ne sont pas sensés s’en servir avant 15H et il est 14:45. Pas de bol, alors qu’on est en pleine douche, une voie grave lance une tirade en finlandais qui tonne comme tonnerre (j’apprendrai plus tard que c’était un “Qui est là” !?!). Bref, Florian a beau s’excuser platement dans son meilleur finlandais, et on déguerpit sans même se sécher, rentrant en serviette à l’appart … rien à faire: le monsieur est pas content. Bilan: ne jamais-jamais-jamais s’interposer entre un Finlandais et son Sauna.
On part ensuite faire un tour d’Helsinki. C’est assez vite fait: Helsinki comprend un gros demi-million (sur les 5 que comprend la Finlande – pour ½ la superficie de la France). Ce qui est chouette, c’est que de la banlieue où Florian et Elsa habitent, on peut aller presque jusqu’au centre en roulant dans une piste cyclable dans un bois. C’est génial. Le peu de trafic dans la ville se prête aussi très bien à la pratique du deux-roues non motorisé ! On fait le tour des Eglises, on attrape quelque chose à manger puis on rentre vers la soirée; mais pas sans avoir croisé la Gay-pride et un festival de rock gothique … oui: le même jour : c’est le mélange des genres …
Le retour
Florian s’était occuppé de me trouver deux cartons à vélo pour emballer le tandem. Mais on a encore gravement sous-estimé le temps nécessaire pour l’emballer … et aussi la consommation faramineuse de scotch et chatterton qui s’accompagne. Bref, deux ou trois heures plus tard, Pikatchu était enfin prêt à prendre l’avion, mais au lieu d’aller en bus à l’aéroport pour quelques Euros, on a dû apeller un taxi pour 40. Mais c’était pas en vain: on était crevés et on avait chaud d’avoir emballé le tandem dare-dare.
Arrivés à l’aéroport, on dépose Pikatchu, le gars à l’enregistrement nous demande si on a payé le supplément. Moi, évidemment, je réponds “je sais pas, peut-être, je ne suis pas sûr“. Donc le gars nous dit d’aller au comptoir “service client” pour qu’ils s’assurent qu’on ait payé le supplément. Puis ils nous glisse “si vous n’avez pas envie d’y aller et de faire la queue … n’y allez pas. je ne vérifierai pas“. Ce jour là, je suis devenu un fan de Finnair.
Bilan
La Finlande, c’est super. C’est peut-être même mieux que la Norvège (Florian va être fier de moi), enfin, c’est surtout différent. On s’imagine que la Scandinavie, c’est un peu partout pareil, mais il n’en est rien. C’est probablement parce qu’on voit trop d’images de la Norvège. En Norvège, y’a des montagnes, de Fjords, et il fait moche. Rien de tout ça en Finlande.
Pour le cyclotourisme, la Finlande, c’est top. Y’a des super infrastructures, c’est facile: assez plat, très sûr (on n’a jamais cadenassé notre tandem, même quand on allait au supermarché), y’a des lacs pour se rafraîchir un peu partout, et il fait assez souvent beau apparemment, si vous y allez au bon moment. Le fait qu’il fasse toujours jour, c’est pas mal non plus: même si vous vous plantez complètement, pas besoin de rouler de nuit. Contrairement à la Norvège où le temps est souvent pourri l’été à cause de la proximité de l’océan, la Finlande est, elle, plus proche du continent russe et donc il fait chaud l’été, et ma foi, il n’a quasiment pas plu de la semaine
Et en plus on peut camper presque n’importe où: même sur une propriété privée, à condition d’être assez loin des habitations. En pratique, on essaye de se caler à des endroits déserts, et tout se passe bien.

Bref, c’était la cure de nature, de calme, d’air pur, de beauté … pour pas un rond, vu qu’au final on n’a payé que l’avion et la bouffe: pas d’hôtel (merci encore à Florian et Elsa qui nous ont hébergé à Helsinki). Sur le plan logistique, emmener le tandem demande pas mal de préparation, et il faut savoir le démonter, mais même si on avait payé tous les supplément, c’était pas si cher, et quel plaisir de se trouver à deux sur le même vélo … sur ce voyage de 600km !
Slow Tourism
Je pense qu’on est devenus des fans de “slow tourism” : du “tourisme lent”. Le ourisme lent, c’est exactement à l’opposé de la philosophie “on saute d’une attraction à l’autre pour en voire le plus en un moins de temps“.
Le slow tourism c’est un must en Finlande : en fait y’a pas beaucoup d’attraction, mais il y a constamment des paysages superbes, le calme de la nature, la solitude, les grandes étendues. Voire cela défiler à toute vitesse dans une voiture, ça serait la pire des choses à faire. C’est le meilleur pays pour faire du vélo, de la rando, du canoë, bref, quoi que ce soit qui soit lent (OK, peut-être aussi de la moto aussi). C’est vraiment un super pays pour les amoureux de montagne qui ne veulent pas trop des grandes montagnes Norvégiennes.
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